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La petite marchande de gaufres 3

Si vous avez suivi, on est demain. Demain lié pour tout dire. J’ai la tronche dans un étau, faut dire que le soleil se lève à peine. Je vous ai pas raconté encore, mais j’ai du changer de squat, pas que ce soit le squat que j’préfère de toutes les matières, mais c’est mieux que de se faire ronger les os par les pluies acides ou ratiboiser la caboche par les milices mi-bien sous tous rapports qui arpentent les bas-fonds en quête de chair à défraîchir. Teuse, parce que bref est rance, d’où teuse, César me court sur le haricot iglesias* et j’ai pas le blé pour le semer. Alors je crois que j’irai de squats en squats, le temps de faire mouche, de trouver la poule aux œufs d’or, et si possible trop petite, la poule aux yeux d’or.

Je m’étais enquis de trouver de l’aspirbibine, le truc le plus efficace noisette contre la gueule de bois, un peu le seul aussi. Mais s’en procurer mettait sur les dents, fallait lounoyer le poisson, échapper aux cons trolls, troquer dans les bars et s’barrer des troquets à toutes jambes. J’avais eu une piste et je me retrouvai dans un endroit si peu recommandable que tout y tournait à l’envers. Le flibustier ouvert des donzelles ne présageait rien de bon sur la nature prétendue obséquieuse de leurs activités, y toucher et les obsèques étaient sonnées, fallait pas croire tout ce qui paraissait, bien qu’alanguissant. Je ne comprenais toujours pas** comment ces écrémeuses de petites gens en périls continuaient à faire leur beurre et garder leur sourire. A croire qu’il existait encore assez d’ignorants, de crédules ou de sombres idiots. Je filais droit donc, j’évitais d’oreiller les commères séantes en me faufilant sur un faux rythme soutenu, encapuchonné en quelques sortes, dans cette artère qui vit sciée du bas-fond.

J’arrivai sauf chez le débarbouilleur de maux, je trouvai une entrée béante et un corps plus raide que les escaliers. Je fis un pas ou deux dans l’antre qui m’invitait d’elle-même, je flaquotait déjà dans un bouillon rougeâtre… Pas beau à voir, certainement un avoir pas honoré, fallait en tirer des leçons… Et aussi tout ce que j’y trouverais. C’est pour ça que j’ai fouillé, tiralarchéologue de circonstance, et faire le vautour vaut le détour parfois. C’était le cas aujourd’hui… Quelques fioles pas trouées d’aspirbibine, quelques substances à Lucie Nogène, je les lui rendrai… Plus tard… Un peu d’osier dans une corbeille, et sonne le téléphone !*** L’enfoiré plombé, gisant, était doté d’un de ses appareils, plus que cul, rares dans les environs. J’étais bon pour une sacrée galère si j’embarquais le joujou… Je laisserai cette joie au suivant, j’avais bien assez la peau blême pour ne pas faire empirer les choses ! ‘tain, César, fallait pas que je zappe la mouche ! Il me suffisait de vendre le bijoujou et j’règlais ma note, mais à quels frais ?… Le débarbouilleur n’était pas seul à débarbouiller ainsi pour vivre de luxure… Oh ! Et puis on verra ! je ferme le clapet du bidule et j’emporte ! C’est un trop grand trésor****… en parlant de ça… je m’fis la malle*****

Je m’arrachais jusqu’au Trocbar, m’y attendait Riton, c’était pas un drôle ce gus là, mais on était un peu comme des frangins, pas du genre à se faire des petits dans le dos, ça valait son prix ce genre de choses. Je m’abstins de lui parler du trésor, c’est basilic, l’amitié à un prix qui n’est quand même pas celui d’un téléphone portable.

Je lui parlai de ma rousse décanillant des blondes et lui maugréa des blondes les décanillant du regard. Et demain, aspirbibine et quête ou conquête de la marchande de gaufres…

Ah ouai, fallait aussi que j’refile le trésor à la première recelheure.



* je vous avais prévenu !
** je n’insisterai pas sur cet humour grossier dont m’ont doté mes parents contre qui je vais porter plainte !
*** Ah ! Ah ! Corbeil-Essonnes, elle est bien bonne !!
**** Petite précision, on trouve le plus souvent les grands trésors comme dans un moulin…
***** Mais pas jusqu’en Finlande !

Commentaires

Anonyme a dit…
Des jeux de mots, tu en calembourres littéralement le texte. Un peu d'aspirbibine me f'rait pas d'mal après cette rafale.
Anonyme a dit…
J'au lu en écoutant Supergrass.
Là, ça claque bien;
Des bizettes
Anonyme a dit…
Rho la la !
Me voilà complètement décanillé, moi aussi ! :-D
Anonyme a dit…
Allez San Antonio, file te rhabiller et remballe moi ta quincaillerie de mots à balle douze! Maintenant c'est le chat qui masterise avec des mots venus d'ailleurs, ça décoiffe! Miamiam!!!!
Blue a dit…
Ellie > C'est la petite marchande qui me fait trébucher sur les mots, je vais la rappeler à l'ordre :)

Mélina > Tant que le texte n'est pas supergrave :D

French > Râh... Je note l'effet secondaire, je le mettrai dans la posologie ! (c'est comme ça qu'on dit ?)

Lina DE RETOUR !!! > Je m'habille de ton commentaire (et frime !)

Merci à vous quatre :$

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