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Another day in the life

05h30 : Un grand hangar dont le sol est jonché de papiers, mégots, flaques séchées d’alcools mélangés, des traces encore fraîches de pas, un ou deux acides égarés ci et là. Une scène vide et des spotlights éteints, encore fumants. Nous ne sommes plus que deux, elle et moi, nous discutons. Vous dire de quoi ? J’ai du mal à m’en souvenir. Est-ce vraiment ce qui compte ? Elle a les yeux verts, le teint halé, malgré l’heure tardive. En fait, elle paraît comme sortie de la rosée matinale. Elle en a le parfum également. C’est étrange. Moi ? Je ne sais pas. J’imagine que mes yeux sont soulignés de cernes mauves, qu’ils sont injectés de sang, qu’ils brillent. Le teint blafard à n’en point douter, il est cinq heure trente, pardonnez-moi du peu ! Je ne fume pas en l’instant, mais j’ai la gorge sèche. J’ai du fumer beaucoup. Je ne m’en souviens pas. Pas plus que du reste d’ailleurs. Vous ai-je dis que je ne la connais pas ? Cette brune aux reflets roux… Même pas son prénom… Elle rit un peu, j’ai du dire quelque chose d’amusant, si seulement j’entendais. Mais, dans ce grand vide, je sais juste que je comprends. Dans le mouvement naturel de nos corps debout et las, je crois, je me tiens face à elle. Trente centimètres séparent nos visages tout au plus. Ce sont des chiffres qui comptent. Elle est face à moi et ne se décale pas. Elle s’approche même, imperceptiblement. Non. C’est moi qui le voudrais. Quoi qu’il en soit, j’ai lu dans je-ne-sais-quel magasine hautement philosophique et disponible chez le médecin, que deux personnes résistant au face à face avaient tout pour se plaire. Une gestuelle de séduction ou pas loin.
Faîtes le test chez vous.
Ses lèvres bougent, ses yeux tournent un peu, dans les miens, dans les nuages, dans ma poche. C’est alors que, venue de nulle part, une musique à en percer les tympans se met à résonner dans le hangar. Je l’avais oublié celui-ci. Rien ne semble avoir bougé autour et pourtant… Impossible de se comprendre. Je sens que c’est la fin, le lien s’est brisé. Je crie quelque chose du genre :
« Bon, on remet ça à demain !? »
Elle ne comprend pas.
Je me réveille, putain, 05H40. Faut vraiment que je baisse le volume du réveil…
L’oreiller voisin ressemble fortement à la fille du hangar, c’est elle. Elle me souffle un truc du genre :
« Eteins ton réveil, chéri… »
Je bougonne un « oui, bien sûr, ma puce ! » qui ressemble à s’y méprendre à un « Mmmh… » légèrement agacé… Mais, de circonstance.
Je sens que la journée va être dure.

Commentaires

Ellie a dit…
Un chat qui parle à sa puce, manquait plus que ça.
Io a dit…
On reconnait bien là la griffe de Blue

Mme face est sur Peelbook ?!

heu... Mme Peel est sur Facebook ?!

enfin, Peel ou Face c'est la même chose... y'en a juste un des deux (mais jamais le même ! et pas tous en même temps... après ça fait désordre !)qu'est de l'autre côté que l'autre.
Blue a dit…
Ellie > Je lui ai même offert un collier :$

Io > Je tombe quand même souvent pile. (et un peu moins souvent Peel... un drame)


Griffouilles.
Anonyme a dit…
"des chiffres qui comptent", j'aime particulièrement bien cette phrase.
. a dit…
alorrrreuuu !!!???
Blue a dit…
ah oui !

ça faisait tout de même une semaine que j'avais laissé tombé ce blog !?

Le pire étant que j'ai des billets d'avance (pour une fois)

Je ferai plus attention, c'est promis chère Canicule.

Merci Freehug :)
R a dit…
lol lol et lol.
En plus Ellie a fait un super comm.
Tu nous refais un texte comme ça Le BLueg ??
Blue a dit…
Merci Romano :)

En ce moment ce que j'écris n'est pas très festif, mais le vent tourne souvent par ici, alors pourquoi pas ! :D

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L'immeuble

Les façades ne périclitent pas tout à fait aussi vite que Rome à son heure, mais les craquelures semblent prendre racine dans le sol comme des pins centenaires et poussent, vu d’ici, jusqu’aux chenaux. C’est somme toute étonnant, comme les appartements y sont coquets, du moins le mien. La vieille dame du premier, Mme Villiers, je crois, je vérifierai sur la boite aux lettres, Mme Villiers donc, me faisait part hier matin, alors que je la croisais dans les escaliers, ou, plus précisément, que j’essayais de n’avoir qu’à la croiser, du froid que ces fissures lui procuraient dans son appartement : « Ah ! Rendez-vous compte, ces fissures sont si grandes que lorsque j’y glisse un œil, je vois la rue… Vous imaginez… Et ce froid qui s’infiltre, c’est impossible de chauffer, et en cette saison, il fait froid… Pour une vieille dame comme moi, même Salomon a pris un rhume… Pour vous dire… J’espère que je pourrais passer l’hiver… Parce qu’à la régie, ils s’en fichent, les vieilles dames, Monsieur,...